L'évolution des salaires sur longue période en Grande Bretagne

Le Graphique 1.5 représente un indice du salaire réel moyen des artisans qualifiés londoniens sur la période comprise entre 1264 et 2001, ainsi que la population britannique sur la même période.

Le terme « indice » désigne la valeur d’un montant (disons 6 shillings par heure à l’époque) par rapport à sa valeur à un autre moment (la période de référence) qui est en général normalisée à 100. Dans notre cas, l’année de référence est 1850, mais la courbe aurait eu la même forme si une autre année avait été sélectionnée. La courbe serait simplement positionnée plus en haut ou plus en bas dans le plan, mais elle garderait la même forme : celle de la crosse de hockey que nous avons déjà vue dans le Graphique 1.1.

On remarque graphiquement une longue période au cours de laquelle les conditions de vie des artisans, et plus largement des agriculteurs et des travailleurs, ne se sont pas améliorées. Les salaires réels n’ont pas augmenté entre 1250 et 1800. C'est la fameuse trappe malthusienne. 

Pendant des siècles les populations ont été coincées dans une « trappe malthusienne » (du nom du pasteur anglais Thomas Robert Malthus) faisant stagner leur niveau de vie. Lorsque les récoltes étaient bonnes, le niveau de vie de la population augmentait. En retour, la natalité augmentait encore plus fortement, et avec elle, la population. La quantité de nourriture disponible par personne se mettait alors à baisser ! À terme, le niveau de vie revenait donc à son niveau initial.

Toutefois, vers 1800, l’économie se déplaça vers un régime entièrement nouveau, dans lequel la population et les salaires réels augmentèrent simultanément. C’est ce qui eut lieu en Grande-Bretagne, et, plus tard, dans de nombreux endroits dans le monde. Cela s'explique par la révolution industrielle et la révolution technologique qui a permis a chaque travailleur de devenir beaucoup plus productif, ce qui se traduit par la hausse des salaires.

Dans de nombreux pays, ce processus de hausse de la productivité et du pouvoir de négociation des travailleurs s’est traduit par un accroissement des niveaux de vie de ces derniers.